En France, la laïcité est un principe constitutionnel qui garantit la séparation des institutions religieuses et de l’État, assurant ainsi la neutralité de ce dernier en matière de religion. Toutefois, l’application de la laïcité présente des spécificités territoriales notables, héritées de l’histoire et des contextes locaux.
Dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, le régime concordataire instauré en 1801 demeure en vigueur. Cette exception s’explique par le fait que ces territoires étaient sous administration allemande lors de la promulgation de la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. Ainsi, quatre cultes y sont reconnus et financés par l’État : le catholicisme, le luthéranisme, le calvinisme et le judaïsme. Les ministres de ces cultes sont rémunérés par l’État, et l’enseignement religieux est intégré dans les programmes scolaires publics.
En Guyane, un régime particulier subsiste, reconnaissant uniquement le culte catholique. Cette singularité découle d’une ordonnance royale de 1828, antérieure à la loi de 1905, et reflète l’histoire coloniale de ce territoire. Ainsi, les prêtres catholiques y sont rémunérés par l’État, tandis que les autres confessions ne bénéficient pas de ce soutien financier.
À Mayotte, département français depuis 2011, le droit coutumier musulman coexiste avec le droit français. Les cadis, juges religieux musulmans, ont compétence en matière de statut personnel, notamment pour les questions de mariage, de succession et d’adoption. Cette situation résulte de l’histoire de l’île et de sa population majoritairement musulmane.
Dans le territoire de Wallis-et-Futuna, l’enseignement est majoritairement assuré par des institutions catholiques, avec le soutien financier de l’État. Cette organisation découle d’accords passés lors de l’intégration de l’archipel à la République française, respectant ainsi les traditions locales et l’importance de l’Église catholique dans la société wallisienne et futunienne.
Ces particularismes territoriaux s’expliquent par des contextes historiques distincts. L’Alsace-Moselle, par exemple, était sous administration allemande lors de la promulgation de la loi de 1905, ce qui a conduit au maintien du Concordat. De même, les traditions locales et les accords passés lors de l’intégration de certains territoires à la République ont conduit à des adaptations du principe de laïcité pour respecter les spécificités culturelles et religieuses locales.
Ainsi, bien que la laïcité soit un principe fondamental en France, son application varie selon les territoires, reflétant la diversité historique et culturelle du pays.